Le mariage à Malte

d'Aurore Vérié

 


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Et maintenant, je vais vous parler mariage car je viens de lire l'étude d'un historien, Frans Ciappara, qui a traité ce sujet en tant qu'aspect de la société maltaise, de 1750 à 1800. Ce livre, basé sur les archives paroissiales, les documents de l'Archevêché et de l'Inquisition ainsi que sur les Libri Status Animarum, ce livre intitulé "Marriages in Malta" nous éclaire sur une facette de la vie de ceux qui furent les parents ou grands-parents de nos aïeux émigrants. J'espère vous faire partager l'intérêt que j'ai éprouvé à le lire.

 

Et l'amour dans tout ça? D'après les études de Frans Ciappara, les relations conjugales semblent avoir été peu ou pas sentimentales. il cite quelques témoignages de tendresse comme des exceptions. Il est vrai que les maltais sont assez pudiques sur ce sujet, mais il apparait que mariages et remariages aient été une alliance "arrangée" plutôt que l'aboutissement d'un penchant sentimental. Les hommes se décidaient prudemment à convoler quand ils avaient de quoi assumer la charge d'une famille ; et , on constate parmi eux, une forte proportion de célibataires. Par contre, les veufs se remariaient, et plutôt deux fois qu'une le cas échéant. Quant aux filles, les parents disaient couramment que "marier sa fille c'est bien, mais la garder à la maison c'est mieux".

Et l'adultère? C'était une aventure périlleuse ! Jugez donc. Au premier faux pas, un mari volage écopait d'une amende, au deuxième aussi... mais s'il récidivait c'était la flagellation en public et les travaux forcés. Quant à l'épouse frivole, on l'enfermait au "Conservatorio", sorte d'asile-prison, et on lui confisquait sa dot.

La bigamie? Eh oui, il y eut des cas de bigamies. On voyageait beaucoup, des maltais se mariaient à l'étranger, puis "oubliaient" leur premier foyer, revenaient au pays et en fondait un deuxième. D'autres réduits en esclavage dans un pays musulman, une fois libérés, épousaient une femme du pays. Et, pris de nostalgie, ils retournaient à Malte et épousaient une "payse". Du côté des femmes, certaines attendirent longtemps le retour d'un mari. S'était-il noyé au cours d'un naufrage? tué au cours d'un abordage? mort en captivité? Des témoins affirmaient qu'il était mort, alors elles se remariaient. Et le mari réapparaissait! Que de situations dramatiques et de mélodrames peut-être... Aussi l'Eglise veillait à ce que ces désordres se produisent le moins possible. Elle exigeait des marins et voyageurs d'abord un certificat de baptême, une attestation de leur Evêque et de deux témoins qu'ils étaient bien célibataires, pour pouvoir se marier à Malte. Entre 1750 et 1790, il y eut 3251 demandes d'autorisation de mariage. Les faux témoins étaient fouettés en public et condamnés à cinq ans de galère. A la même époque 359 femmes sans nouvelles du mari, demandaient à se remarier.


 

Une attestation de célibat pour Marco Gozzi :

" Je suis sûr que l'homme en question est célibataire et qu'il n'a jamais eu de femme et que, lorsqu'il est venu à Contantinople comme esclave, il n'avair que 13 ans et que depuis, j'ai toujours été avec lui, soit à Constantinople soit à Malte. Pour cela, je dis sans aucun doute qu'étant célibataire, il peut se marier ici à Malte. Après avoir rendu témoignagne, le témoin à signer d'une croix.


 

Et voici un contrat de mariage passé devant notaire
pour les futurs époux Anna Gilestri et Salvatore Dimech
:

Le troisième jour du mois de septembre 1723. Au nom du Seigneur, amen. Pour réaliser un heureux mariage, ce dit-jour, Anna, fille légitime de Pietro Gilestri et de la défunte Eugénia, conjoints, d'une part, et Salvatore Dimech, fils légitime né de Domenico Dimech du village de Zebbug d'autre part, lesquels ont donné leur consentement mutuel pour mariage selon le rite romain en présence de témoins. Selon les règles dotales, Pietro père de la dite épouse donne en dot à la dite, des objets appartenant à la défunte Eugenia sa femme lesquels objets selon la loi, reviennent à l'épouse tels que définis comme appartenant à la communauté des biens tant paternels que maternels. La dite loi donne et dote le dit époux en présence de la dite épouse et il accepte la part indivise de la maison au village de Tartani faubourg du village de Dingli ; laquelle maison se trouve dans la rue où habite la famille Vella. Cette maison doit être partagée par la dite épouse avec ses soeurs. Ansi avant la fin de l'année, la dite épouse ne peut en rien tenter de modifier cette décision et celles qui s'ensuivent. La dot doit être donnée et remise selon les règles établies par la loi. Elle doit être unique et respecter les termes de la loi.